OUVRONS LA FENÊTRE

Jour 15

Mais peut être

Ne reste-t-il

Mais peut être

Ne reste-t-il

Au temps caméléon

Plus de couleurs ?

Encore un sursaut

Et il retombera,

Sans souffle et rigide.

Peut – être,

Enivrée de fumées et de combats,

La terre ne relèvera-t-elle jamais la tête ?

Peut être,

Un jour ou l’autre,

Le marais des pensées se fera cristal

Un jour ou l’autre,

La terre verra le pourpre qui jaillit des corps,

Au-dessus des cheveux cabrés d’épouvante

Elle tordra ses bras, gémissante

 

Peut être…

 

Écoutez !

Puisqu’on allume les étoiles,

c’est qu’elles sont à

quelqu’un nécessaires ?

C’est que quelqu’un désire

qu’elles soient ?

C’est que quelqu’un dit perles

ces crachats ?

Et, forçant la bourrasque à midi des poussières,

il fonce jusqu’à Dieu,

craint d’arriver trop tard, pleure,

baise sa main noueuse, implore

il lui faut une étoile !

jure qu’il ne peut supporter

son martyre sans étoiles.

 

Ensuite,

il promène son angoisse,

il fait semblant d’être calme.

Il dit à quelqu’un :

” Maintenant, tu vas mieux,

n’est-ce pas ? T’as plus peur ? Dis ? “

 

Écoutez !

Puisqu’on allume les étoiles,

c’est qu’elles sont à quelqu’un nécessaires ?

c’est qu’il est indispensable,

que tous les soirs

au-dessus des toits

se mette à luire seule au moins

une étoile ?

 

 

Vladimir Maïakovski

Traduction Simone Pirez et Francis Combes