OUVRONS LA FENÊTRE

Jour 22

C’étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde,
De très grands vents en liesse par le monde, qui n’avaient d’aire ni de gîte,
Qui n’avaient garde ni mesure, et nous laissaient hommes de paille,
En l’an de paille sur leur erre… Ah ! oui, de très grands vents sur toutes faces de vivants !

Flairant la pourpre, la cilice, flairant l’ivoire et le tesson, flairant le monde entier des choses,
Et qui couraient à leur office sur nos plus grands versets d’athlètes, de poètes,
C’étaient de très grands vents en quête sur toutes pistes de ce monde,
Sur toutes choses périssables, sur toutes choses saisissables, parmi le monde entier des choses…

Et d’éventer l’usure et la sécheresse au cœur des hommes investis,
Voici qu’ils produisaient ce goût de paille et d’aromates, sur toute place de nos villes,
Comme au soulèvement des grandes dalles publiques. Et le cœur nous levait
Aux bouches mortes des Offices. Et le dieu refluait des grands ouvrages de l’esprit.
(…)

 

 

Saint-John Perse

In Vents

Éditions Gallimard – Collection Poésie