OUVRONS LA FENÊTRE

Jour 24

Poème-lettre

on est allé jusqu’à ne plus savoir
comment
plus loin

un mur
indéfiniment

un jour
on ira
plus loin

d’ici là
le temps
comme pauvre
et la force prise dans l’attente
tendue
sans bouger

on reste
en face

à la longue
ça devrait
déplacer
le pays

ou bien
jusqu’à ne plus tenir
n’être plus tenu

un matin il y aura
une mémoire d’eau
une vaste pluie devant
rien d’autre

on viendra au jour
avec seulement
dedans
le temps ou l’air

on sera devenu
assez léger
pour passer

 

Antoine Emaz

In Caisse claire, Poèmes 1990-1997

Éditions Points, 2007