OUVRONS LA FENÊTRE

Jour 3

Une invasion de paroles

tente d’assiéger le silence,

mais, comme toujours, échoue.

Elle essaie alors de coincer les choses

qui habitent le silence,

mais n’y arrive pas davantage.

Elle va finalement encercler les paroles

qui cohabitent.avec le silence,

alors se produit l’imprévu :

le silence se convertit en paroles

pour mieux protéger les paroles

qui cohabitent avec lui.

.

Et pendant que l’invasion des autres paroles

se dissipe comme un souffle furtif,

l’insolite s’accomplit :

les paroles qui restent

ressemblent alors beaucoup plus au silence

qu’aux autres paroles.

(…)

Il ne suffit pas de lever les mains ..

Ni de les abaisser

ou de dissimuler ces deux gestes

sous les embarras intermédiaires.

.

Aucun geste n’est suffisant,

même s’il s’immobilise comme un défi.

.

Reste une seule solution possible :

ouvrir les mains

comme si elles étaient des feuilles.

 

Roberto Juarroz

In ONZIÈME POÉSIE VERTICALE

Éditions LETTRES VIVES

collection TERRE DE POÉSIE

http://www.editions-lettresvives.com/