OUVRONS LA FENÊTRE

Jour 31

J’entraîne mes pas.

Dans une demeure que je n’attendais pas,

si frêle

où ma voix

comme une torche

s’éteint.

Ne s’entend plus

que sur un bûcher.

Mais la voix revient, chargée de foin :

Où sommes-nous ?

Quelle heure est-il ?

Il n’est que maintenant. Et c’est le livre. Et je n’ai rien trouvé d’autre. Mais je sème. Tout ce que je suis. Pour qu’il y ait un chemin au croisement de nos voix.

Je me tais.

J’écoute.

Un oiseau s’est posé sur moi.

Quelqu’un dans la haie a

ouvert un livre

malgré les épines

(…)

Il n’y a que des pas. Des pas derrière moi.
En reste
Ici, dans l’argile encore fraîche qui m’a lié au chemin.
Mais souvent ce mot va au feu. Très loin dans la chaleur. Dans ma voix il durcit. Alors dans l’achèvement il n’est plus qu’une tuile. Il couvre. Il préserve. Il protège. D’un autre feu.
Plus froid.
Je ne vis qu’en ce que j’ai à écrire. Ou, différé par mon silence : habiter. Là où je ne resterai pas.
Quelques pas hors de moi.
Jusqu’à toucher la haie.
En sortir.
Pour avancer
alors il me faut, comme si je ne voyais pas, toucher ma voix, lui chercher une porte ou de l’herbe. Lui faire dire ce que je cherche. Maintenant. Ainsi ce n’est pas de l’ombre que je recueille mais l’herbe.
Puis le nuage
ou le hêtre.
Avec ça je me fais une corde. Je suis dans mes mots. Jusqu’à l’écriture.

J’appartiens à ce qui est dit, au chemin.
Alors je peux charger le jour sur mon épaule et monter.
Et partir.
Vers la maison de mes mains.

 

Thierry Metz

In Terre

Editions Opales