OUVRONS LA FENÊTRE

Jour 44

Il devrait n’être point de désespoir pour toi

Tant que brûle la nuit les étoiles,
Tant que le soir répand sa rosée silencieuse,
Que le soleil dore le matin.

Il devrait n’être point de désespoir, même si les larmes
ruissellent comme une rivière :
Les plus chères de tes années sont-elles pas
Autour de ton cœur à jamais ?

Ceux-ci pleurent, tu pleures, il doit en être ainsi ;
Les vents soupirent comme tu soupires,
Et l’Hiver en flocons déverse son chagrin
Là où gisent les feuilles d’automne.

Pourtant elles revivent, et de leur sort ton sort
Ne saurait être séparé :
Poursuis donc ton voyage, sinon ravie de joie,
Du moins jamais le cœur brisé.

 

Emily Brontë

In Poèmes, Traduction Pierre Leyris,

Éditions Gallimard, collection Poésie