Projet / Nyctalope

Novembre 2019 – Mars 2020

« On décore mal le paysage, jamais à la bonne place, dans la bonne attitude, bonne posture, bonne gueule de l’emploi. (…) Sortons les handicapés dans la rue et faisons une grande fresque vivante. Nous ne sommes pas des anges, la preuve, nous n’avons pas deux ailes pour fuir ce monde hostile. » Babouillec – Algorithme éponyme

  

Intervenantes

Lorna Lawrie, danseuse et chorégraphe et Sophie Dubs, danseuse et chorégraphe.

  

Objectifs de l’action

  • Favoriser les échanges entre artistes et différents publics pour tendre vers une forme de création partagée.
  • Questionner la thématique de la norme par le biais de l’œuvre de Babouillec, écrivaine autiste et tenter de comprendre de quelle(s) manière(s)cette question peut être universelle.
  • Élargir la recherche poétique au sein de la danse, prolonger cette dernière avec le corps comme outil.

  

Description

La compagnie « Empreinte en mouvement » travaille sur une création autour du livre poétique de Babouillec, Algorithme éponyme paru aux éditions Rivages. Cet ouvrage fait figure de véritable ovni littéraire. Babouillec est autiste, elle est parvenue à lire et à écrire avec la complicité de sa mère. Cet ouvrage interroge en profondeur la notion de « norme » au sein d’une société trop souvent excluante. Lorna Lawrie et Sophie Dubs, danseuses et chorégraphes sont parties à la rencontre de cette œuvre iconoclaste et travaillent en étroite collaboration avec l’auteur.

Les deux chorégraphes ont trouvé un intérêt au sein même de cette écriture auto-définie « sans parole». Elles vont donc la revisiter collectivement à partir de leur propre territoire d’investigation : le corps. Leurs pratiques respectives sont fortement ancrées dans l’investigation somatique et sensorielle, ainsi que ses prolongements philosophiques et éthiques. De par leur pratique, butoh, performance, installations, post-modern dance, elles questionnent la place physique des êtres au sein de la société. Le besoin de réaliser un travail de recherche et de création dans les interstices de ces mots, au cœur d’un espace qui transcende et bouscule les représentations sociales, politiques, identitaires, s’est donc imposé comme une évidence.

Norme… cet alphabet commun qui permet aux uns et aux autres de se situer au sein de l’échelle sociale, engendrant codes, valeurs, représentations sociales et qui renvoie l’individu à la notion d’appartenance ou d’exclusion. Le mot phare est lancé avec son cortège de possibles et d’interdits, de laisser passer et de marginalisation. Ce concept nourrit tout autant les imaginaires que le réel et celui qui, pour diverses raisons, se trouve hors des sentiers balisés d’un idéal à atteindre paie un prix parfois élevé en termes de relégation de la part de ceux qui se trouvent au sein cette communauté normative.

La poésie en tant que telle ne se fonde pas sur le discours. Si la langue demeure son vecteur principal – L’Antre Lieux en explore d’autres tels que l’image, le son ou le corps -, le corpus poétique s’appuie sur une multitude de résonances que le mot engage. La danse fait partie de ce cheminement qui consiste à explorer nos thématiques non pas de manière frontales mais par support de transposition. Le corps se trouve lui aussi doté de son propre langage qui ne se trouve sa voie à travers les codes que les mots lui suggèrent. L’espace poétique et “politique” des représentations sociales partent du lieu de l’intime et font écho à ce qui nous relie au commun.

Parallèlement, leur projet créatif est en partie orienté vers la transmission et la médiation. Ensemble, elles proposent d’interroger cette fameuse norme dans sa dimension corporelle en compagnie de publics handicapés ou en difficultés sociales. Il s’agit de leur permettre de vivre une expérience qui mettrait en relation le texte et ses prolongements corporels. Cette rencontre viendrait ainsi ouvrir de nouvelles perspectives autour du texte qui permettraient d’interroger le dialogue corps /poésie convoqué au sein de cette expérience. L’Antre Lieux sert de support à cette expérimentation.

Une douzaine d’ateliers seront organisés. Ils feront l’objet d’échanges ainsi que d’une restitution publique. La création finale se nourrira de cette expérience.  

Public

Cercle du FLE, Avignon, publics migrants dont la norme et le rapport au corps diffèrent forcément selon l’appartenance culturelle dont ils sont issus.