OUVRONS LA FENÊTRE

Jour 52

Étrange comme la lumière

Tout ce qu’il faut de lumière, tout
ce qu’il faut d’ombre pour tenir au faîte
de soi-même, être libre, crois-tu, être vraie
pour autant que cela veuille toujours dire
quelque chose, aujourd’hui que soufflent
sur tes pas les vents durs
ta main s’agrippe où persiste l’éclaircie.

C’est en haut, tout en haut qu’est ta vie
tu entres par le feu, tu sais
désormais le mensonge, désormais la trahison, l’orage
a secoué le navire, arraché les mâts, le choc
t’a projetée si loin — soudain tu n’entends
ni ne vois d’horizon, ne touches
ni l’amour ni l’oubli de l’amour.

Mais la rive, tu devines une rive au milieu de nulle part
une voix creuse et affouille l’obscurité
le temps bientôt remuera de nouveau
— chaque heure contient ta destinée.

 

Hélène Dorion

In Comme résonne la vie,

Éditions Bruno Doucey, collection Soleil noir